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Du côté de Clio

Princess

23 Août 2016, 06:21am

Princess

Un portrait d'une femme étonnante intéressant mais maladroit

Princess, de Arto Halonen (2016)

Avec Katja Kukkola, Krista Kosonen, Samuli Edelmann...

Prix City of Helsinki Culture Prize et Civil Action Prize pour le Meilleur Réalisateur

Prix Finnish actors guild pour l'Actrice de l'Année ainsi que Finnish film industry et Jussi Award de la Meilleure Actrice

Argument : Anna Lappalainen (1896-1988) était danseuse et masseuse avant d'être diagnostiquée maniaco-dépressive et schizophrène. Elle arrive, suite à l'abandon de sa mère, dans l'hôpital psychiatrique de Lellokoski où elle passera la plupart des cinquante années qui lui reste à vivre. Elle se prend pour Princess, membre de la famille royale d'Angleterre : très vite, elle sèmera la joie dans l'hôpital, bien plus effective pour la guérison des patients que toutes ces nouvelles techniques utilisées sur des cobayes d'après guerre.

Princess

Mon avis : Princess offre le portrait poignant de la seule patiente au monde qui aura l'honneur de recevoir une statue à son effigie. Elle est d'une joie communicative, alors que la réalisation ne la juge jamais : Princess Anna danse, masse, offre des chèques (en bois) aux plus nécessiteux, se promène avec sa suite, sa couronne et ses belles robes. Apparaît Christina Von Heyroth, noble de naissance qui sera sa plus fidèle suivante : Princess parviendra à calmer l'invasion de Jésus dans son sang bleu. Alors oui, Katja Kukkola est saisissante dans ce rôle de femme plongée dans un délire qui semble quelques fois feint (elle s'enfuit lorsqu'elle apprend qu'elle sera la première sur laquelle sera testée la lobotomie). Les autres acteurs sont tout aussi remarquables : Krista Kosonen, avant tout, jeune femme à la beauté envoûtante et à la folie tout aussi paranoïaque.

Princess, sorti en 2010 en Finlande et grand gagnant de nombreux prix, restera dans l'histoire du cinéma finlandais. Il est le premier film de fiction d'un réalisateur qui auparavant n'avait fait et produit que des documentaires (The Shadow of the Holy Book, Pavlov's Dogs, The Stars' Caravan, par exemple). Mais Princess présente aussi, parallèlement au portrait de cette femme hors-normes, une virulente critique des techniques employées sur les malades pour "traiter" leur folie : Anna arrive à l'hôpital et découvre des humains enfermés dans des draps, tels des scaphandriers. La camisole de force est abandonnée peu après son arrivée ; apparaissent, au fil des années passées à l'hôpital, d'autres méthodes telles que les électrochocs, la lobotomie, la "camisole chimique" ou l'abrutissement par médicaments (encore pratiqué aujourd'hui). De plus, l'autre traitement expérimenté consiste à faire boire les alcooliques jusqu'à plus soif, tel un botellón des temps modernes, pour les dégoûter de leur drogue. Je vous laisse imaginer les résultats quelque peu ragoûtants...

Princess, sous ses airs de faux drame, pourrait presque ressembler à une comédie. Il parvient à nous faire sourire, mais n'arrive pas à nous émouvoir, même dans les moments les plus critiques. Le rythme est plutôt lent, ce qui pour d'autres films ne serait pas un inconvénient mais qui ici distance quelque peu le spectateur. Quant à la bande son, elle présente quelques bonnes trouvailles électriques mais ne sait pas tenir un décalage de ton qui aurait pu être beaucoup mieux exploité. Dommage...

Une ode à la différence intéressante mais qui a du mal à prendre

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