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Du côté de Clio

Rastres de sàndal

6 Octobre 2015, 08:07am

Rastres de sàndal

Une émotion à fleur de peau

Rastres de sàndal, de Maria Ripoll (2014)

Avec Nandita Das, Aina Clotet, Naby Dakhli, Godeliv van den Brandt...
Présenté dans la section "Panorama" de Cinespaña 2015

Mina Kumar (Nandita Das) est une actrice star de Bollywood. Sa vie ne fut pas facile : alors qu'elle était petite, sa mère eut une autre fille qu'elle sauva d'une mort certaine : les femmes présentes pour l'accouchement voulaient la noyer. Sa mère mourut, mais Mina réussit à sauver la petite et l'appela Sita (Aina Clotet). Quelques années plus tard, les deux petites sont achetées et séparées : Mina arriva dans une famille comme domestique. Le fils de ses patrons tomba amoureux d'elle, ils se marièrent. Mais Mina n'oublia jamais sa soeur, et elle fera tout pour la retrouver, jusqu'à voyager à Barcelone...

Rastres de sàndal est un film étonnant. Inspiré d'un roman d'Anna Soler-Pont qui est aussi la co-scénariste. Il ne fut réalisé et dirigé que par des femmes, ce qui implique un choix radical quand l'industrie du cinéma reste toujours autant dominée par les hommes. Et le film parle aussi de femmes, de deux soeurs séparées qui vont tenter de se retrouver. Les quinze premières minutes serrent les tripes, lorsqu'on assiste à la séparation des soeurs. Les personnages sont alors posés, le problème auquel le film devra résoudre aussi ; cela est fait de manière très intelligente, puisqu'on se rend compte par la suite que les images que l'on vient de voir appartiennent en réalité à un film de Mina qui raconte son histoire. Un film dans un film, donc.

Le point fort de Rastres de sàndal  est le mélange des deux cultures, traité à la perfection. Sita s'est retrouvée en Espagne, elle ignore tout de ses origines qu'elle préfère refuser avant d'aller peu à peu vers elles. Elle a été adoptée, elle l'apprend alors qu'elle doit bien avoir trente ans ; la question du "qui je suis" est alors capitale pour parvenir à se (re)construire... L'émotion est toujours vive et nous transporte du début à la fin, même si quelques traits de comédie sont aussi présents. Quelques fois le film pourrait tomber dans le stéréotype (dans le drame amoureux, par exemple, quand Paula/Sita et Prakash (Naby Dakhli) sont dans la cuisine et que la caméra tourne autour d'eux alors qu'ils s'embrassent tendrement. Heureusement, ces moments ne durent pas... Les acteurs sont fabuleux, surtout Aina Clotet, toujours très juste dans cette épreuve que son personnage endure. Cependant, on a tout de même un peu de mal à croire qu'elle est vraiment indienne... Il aurait peut-être fallu la maquiller un peu pour ce fait soit plus réaliste. D'autres petits détails paraissent quelque peu trop précipités, comme la facilité avec laquelle Mina retrouve sa soeur, puis le fait que Sita pourra entrer, par la suite, dans les studios de production de Mina à Bollywood sans aucune mesure de sécurité. Mais ce ne sont que des petits détails, puisque l'histoire parvient à nous transporter du début à la fin par des images magnifiques (tant visuelles qu'abstraites) pour ce voyage initiatique entre ces deux cultures.

Un très bon film à découvrir absolument !

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