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Du côté de Clio

El Clan

20 Mars 2016, 13:39pm

El Clan

Assassinats sous musique pop

El Clan, de Pablo Trapero (2015)

Avec Guillermo Francella, Peter Lanzani, Antonia Bengoechea...
Lion d'Argent du meilleur réalisateur au Festival de Venise 2015
Présenté dans la section "Reprises" de Cinelatino 2016

Argentine, années 1980. Epoque de tous ces nombreux "disparus". Arquímedes Puccio (Guillermo Francella) semble être un père de famille parfait, avec sa femme et ses cinq enfants. L'un d'eux est Alejandro (Peter Lanzani), un petit joueur de rugby qui commence à atteindre des sommets. Tout roule pour cette famille d'un milieu modeste mais assez aisé de Buenos Aires. Sauf que... Arquímedes, pour pouvoir garder son train de vie, enlève de riches ennemis de la dictature avant de demander une rançon à leur famille... ensuite, il les assassine. Et où les garde-t-il ? Dans sa salle de bain de l'étage, puis dans sa cave, aménagée pour l'occasion. Glaçant. Réel.

Pablo Trapero est l'un des réalisateurs argentins qui a le plus de succès ces dernières années : il a notammant réalisé Elefante blanco (2012) et Carancho (2010), grand thriller incarné par Ricardo Darín et Martina Gusman, qui porte à l'écran les mafias des assurances d'accidents corporels sur les routes. Par ailleurs, l'acteur Guillermo Francella est aussi un visage connu pour tous ceux qui auront dévoré Dans ses yeux, de Juan José Campanella (2009) puisqu'il incarne l'acolyte de Ricardo Darín. Je vous l'accorde : il est méconnaissable. El Clan, quant à lui, expose un fait réel qui a beaucoup marqué l'Argentine : celui de la famille Puccio qui séquestrait de riches otages pour leur extorquer de l'argent. Tout est donc vrai dans ce film, impossible mais vrai : les enlèvements sont fous et se terminent par de sommaires exécutions. Quelques fois, les kidnappings ratent, et ils en deviennent ridicules. La famille qui mange tranquillement dans son salon alors qu'un homme, ou une femme, se meurt à l'étage ou dans la cave : comme dans ce chouette plan séquence, caméra à l'épaule, où Arquímedes va apporter le repas du soir à l'otage qui se trouve dans la salle de bain près de la chambre de sa fille. Oui. Le pire reste la fin, où toute l'équipe de rugby (comme symbole d'une grande partie du pays) refuse de croire à la culpabilité d'Alex. Glaçant, j'ai dit.

Le parti pris de El Clan est de filmer cette histoire le plus objectivement possible, en se centrant sur la facette machiavélique d'Arquímides et sur les doutes d'Alex, qui comprend bien qu'il devrait arrêter mais qui se retrouve pris au piège. Le film est souvent dans le décalage le plus total : par exemple, il décide de montrer le premier meurtre du père en parallèle avec le premier orgasme du fils, dans une voiture. Le tout sous le son d'une musique pop-rock entraînante de l'époque. Cette musique réapparaîtra à de nombreuses reprises dans le film, toujours lors des scènes les plus difficiles. Cet effet annule tout le pathos (cependant présent lors des premières et des dernières scènes, qui se répètent) et fait de El Clan un film plutôt grand public.

Les acteurs, évidemment, sont fabuleux. La mention spéciale revient sans hésiter à Guillermo Francella, qui cache bien son jeu de personne qui a soif de mal sous son air de petit bourgeois. Cependant, tout son visage ainsi que ses yeux expriment son caractère vicieux et malsain. Peter Lanzani est aussi très bon dans son rôle de fils habité par l'envie de fonder une vraie famille avec sa petite-amie mais rongé par la culpabilité. Cependant, les personnages féminins restent un peu trop en arrière-plan, et c'est bien dommage ; on aurait aimé les voir plus construits, plus dessinés...

El Clan

Un bon film, plutôt grand public, qui plasme une terrible histoire vraie

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